PRÉSENTATION DE RUTHILICA 

Mesdames et messieurs,

Chers invités,

Vous me permettrez de remercier la maman de Mame Diarra Bousso Ngom, d’avoir encore porté son choix sur ma modeste personne, pour présenter le deuxième roman de sa fille. Le samedi 11 novembre 2023, nous étions dans cette même salle pour la cérémonie de dédicace de son premier roman, Savana, la princesse de la Savane ; et ce jour-là, j’avais encore eu l’honneur et le plaisir de présenter ce roman de celle que j’appelle affectueusement Savana.

Mesdames et messieurs, après nous avoir plongé dans le monde des animaux, en pleine savane, dans son premier roman, voici que Mame Diarra Bousso Ngom nous transporte encore, par la magie de l’imagination et de la créativité littéraire, en Australie, au sein d’une grande université exclusivement dédiée au sport. Le récit de ce livre se passe entre trois continents : l’Afrique, la famille de Ruthilica Rosalie Brown dite Ruth étant de la Namibie, l’Océanie, avec l’Australie où se trouve l’UPLADS (l’université Pour les Amoureux Du Sport) et l’Amérique avec la sortie des étudiants de ladite université à Hawaï.

En effet, il s’agit plus exactement, dans ce roman, qui porte le nom de son personnage principal, à savoir Ruthilica dite Ruth, de l’histoire de la famille Brown dont les sœurs jumelles Ruth et Roxie ne s’entendent pas bien et dont les parents sont divisés entre l’amour du sport de l’une et celui de la mode de l’autre.

M. Brown, ancien sportif de son état, ancien champion d’équitation, soutient et accompagne sa fille jumelle Ruth dans sa passion de pratiquer le sport de motocross alors que sa femme, Mme Brown, est plutôt penchée du côté de la jumelle de Ruth, Roxie qui s’intéresse à la mode et pas à un sport dangereux comme le motocross. Ainsi, Ruth a hérité la passion du sport de son père alors que sa maman, ayant été traumatisée par la mort brutale d’une amie, ne supporte pas l’idée de voir sa fille pratiquer un sport aussi dangereux et peut-être même mortel que le motocross.

Mais forte du soutien de son père, Ruth a la chance de poursuivre sa passion et de réaliser son rêve en étant admise, à l’issu d’un test de présélection à la prestigieuse UPLADS (Université Pour Les Amoureux Du Sport) qui se trouve en Australie. L’annonce de son admission dans cette université d’excellence dédiée exclusivement au sport fait naître deux sentiments contradictoires au sein de sa famille : la joie de son père et l’indifférence voire le mépris de sa mère et de sa sœur jumelle ; celle-ci d’ailleurs manifestait une jalousie envers Ruth.

Mais malgré l’indifférence de sa mère et la jalousie de sa sœur, Ruth partit en Australie pour faire sa formation dans son domaine sportif préféré : le motocross. Elle y rencontra les meilleurs étudiants dans ce sport ; ce qui ne l’a pas empêché de montrer tout son talent et son habilité et devenir l’une des meilleures en sport de motocross.

Faire une déclaration d’amour, c’est faire une déclaration de guerre. Ruth l’apprendra à ses dépens pour tous les ennuis qu’elle vivra à l’UPLADS et dont le soubassement n’est rien d’autre que la jalousie de Daniella, la fille du Recteur de ladite université. En effet, Daniella profitant de son statut de fille du Recteur, n’a de cesse de causer des ennuis à toutes celles et à tous ceux qui étaient susceptibles de lui ravir la vedette et d’attirer l’attention des autres outre qu’elle. Et pour réussir ses coups, elle manipulait ses copines Winnie et Emily, de même que Darrel, un autre jeune homme doué en informatique.

Malgré la jalousie et la méchanceté gratuite de Daniella, Ruth a montré sa passion pour le motocross en faisant étalage de tout son talent, lequel talent a fini par convaincre tout le monde y compris même le père de Daniella qui est en même temps le recteur de l’Université Pour les Amoureux Du Sport. Ainsi elle a été choisie, en même temps que Daniella dans un nouvel épisode de l’émission « Star Aujourd’hui, Peut-Être Pas Demain ». Elle en est sortie vainqueur devant la fille du Recteur. Daniella ne désarmant pas, a menacé Ruth d’en finir avec elle et de lui faire renvoyer de l’Université. Ce qu’elle va réussir avec l’aide de ses amies qui sont parvenues à faire accuser Ruth de vol et de tricherie.

N'ayant pas des preuves matérielles pour prouver son innocence, Ruth fut renvoyée de l’UPADS. Désespérée et au bord de la dépression, Ruth fut soutenue par son père qui était persuadé que sa fille n’était pas l’auteur des actes dont elle est accusée. Ruth raconta à son père tous les ennuis que Daniella lui avait causés et le harcèlement qu’elle subissait chaque jour. Après avoir écouté attentivement sa fille sans l’interrompre, M. Brown répondit ainsi à Ruth : « Tu va commencer par te calmer, mon ange. Sache que, même si tu n’as pas vraiment de preuves de son méfait, tu as le témoin le plus important qui a tout vu, dit-il en regardant vers le ciel. Dieu est grand, bon et très juste. La justice triomphera, ne t’inquiète pas. Mais en attendant, la meilleure solution est de patienter. » (p. 176).

La patience à laquelle M. Brown appelait sa fille finit par payer et la justice divine éclaira cette histoire de vol et de tricherie dont Ruth est accusée. En effet, ses amis Andrew, Mark et Ernest n’étant pas convaincu des chefs d’accusations qui ont poussé le Recteur, le père de Daniella, à renvoyer leur amie, vont mettre en place une stratégie pour dévoiler tout le complot orchestré par Daniella, avec la complicité des copines, pour faire renvoyer Ruth de l’université. Ainsi ils découvrirent que c’est Winnie et Emily qui ont volé l’argent de la sortie des étudiants à Hawaï pour le mettre dans le casier de Ruth, que c’est Darrel qui a piraté le compte de Ruth pour proférer des insultes à l’encontre des autres disciplines sportives et que c’est Louis qui a piraté l’ordinateur du secrétariat de l’université pour envoyer les résultats dans le portable de Ruth.

Les caméras de surveillance de la salle des profs ainsi que l’ingéniosité de l’informaticien Benjamin ont permis d’avoir des preuves de l’innocence de Ruth qui sera blanchie et rétablie dans ses droits. La vie reprend son train et administra une leçon d’amitié et de fidélité à Ruth, car selon Andrew, « Après tout, la base de l’amitié, c’est la confiance. » (p. 183).

Ruth poursuit sa passion pour le motocross et enchaina des performances significatives qui ont finit par faire d’elle une championne lors d’une compétition internationale qu’elle a remporté haut la main et à laquelle ses parents sont venus assistés. Elle fait désormais la fierté de toute sa famille au moment même où sa maman a décidé de changer d’attitude envers elle. En effet, sa maman ne la détestait pas mais n’aimait pas le motocross par traumatisme lié au décès de son amie d’enfance à la suite d’une manœuvre qui a mal tournée. Mme Brown décida désormais donc d’aimer Ruth et de la soutenir comme elle aime sa sœur jumelle Roxie et la soutient dans sa passion pour la mode. Ruth se sent désormais aimée de son père et de sa mère, même si sa sœur jumelle reste toujours jalouse d’elle.

Après toutes ses tentatives d’accusation contre Ruth, Daniella finit par être démasquée devant son père qui finit par être en colère contre sa fille unique. Cet épisode changea la vie de Daniella et éloigna d’elle ses copines qu’elle avait l’habitude de manipuler. Daniella n’a pas manqué d’apprendre de cette expérience malheureuse et finit par revenir à de meilleurs sentiments.

L’histoire racontée dans ce roman retient le souffle du lecteur. Il aiguise sa curiosité et le pousse à découvrir la suite des rebondissements, des suspenses et des surprises du récit. C’est un récit fait de passions et rempli de défis à relever et d’épreuves à surmonter dont nous pouvons tirer les leçons suivantes :

v Il faut reconnaître à chacun son talent, quelques soient l’adversité, la différence et ou la divergence, car comme l’écrit Mame Diarra Bousso Ngom elle-même, « En chaque être humain, Dieu a fait naître un talent particulier. Certains sont doués en robotique, en sciences, en littérature, en technologie, en art, en danse, en chant et d’autres en sport. » (p. 7) ;

v Certains comportements humains trouvent leur explication dans la psychologique : l’attitude de Mme Brown envers sa fille Ruth n’est pas liée à la haine ni à l’indifférence, mais elle découle plutôt d’un traumatisme qu’elle a vécu dans sa jeunesse suite au décès d’une de ses amies qui pratiquait un sport dangereux. Le souvenir de ce décès brutal hante la mère de Ruth au point qu’elle ne voulait même pas entendre parler de sport surtout qu’il s’agissait de sa propre fille. Il en est de même pour Daniella qui est affectée par le divorce de ses parents et plus tard le décès de sa mère et le manque de temps de son père. Elle voulait ainsi, par tous les moyens, attirer l’attention de ce dernier en faisant du motocross et en s’efforçant d’être toujours la meilleure et la plus remarquable ;

v Le soutien et l’accompagnement des enfants par leurs parents, est un gage de réussite pour eux : ce dont les enfants ont le plus besoin, ce n’est pas l’argent que l’on dépense pour eux mais l’attention, l’amour, l’affection et la compréhension que leurs parents doivent manifester à leur égard. Il nous faut être beaucoup plus attentif et compréhensif envers les enfants ;

v  La justice divine finit toujours par prendre le dessus sur le mensonge et la manipulation de l’homme. Mais elle n’adviendra qu’à l’issue d’épreuves qui demandent de l’endurance et de patience ;

v L’animosité existe comme l’amitié sincère existe aussi. Et après la pluie le beau temps. Finalement la famille Brown s’est réconciliée avec elle-même et Daniella s’est réconciliée avec son père, ses camarades étudiants y compris Ruthilica, son ex meilleure ennemie.

v Le succès vient de la passion et de l’amour de ce que l’on fait. Ruth est devenue championne parce qu’elle a développée, très tôt, dès sa tendre enfance, une passion pour le sport, en particulier pour le motocross.

Mesdames et messieurs, vous me permettrez, avant de terminer ma présentation, d’interpeler directement l’auteure de cet après-midi à travers quelques questions qui sont en même temps des suggestions.

Mame Diarra Bousso Ngom, ayant eu la chance de lire et de présenter vos deux romans, je voudrais vous faire quelques remarques. Je comprends bien que vous êtes dans le domaine de la création littéraire, que vous pouvez vous permettre de faire parler des animaux, de nous installer au cœur de la savane, de nous transporter dans une université sportive d’excellence en Australie, de nous faire le récit d’une famille namibienne, mais, et je dis bien mais, qu’en est-il de nos réalités sénégalaises ? Pourquoi vous ne nous parlez pas de Fatou, de Birane, de Binta, de Moussa, de Déthié, de Waly, de Mossane, de Mame Coumba au lieu de nous parler de Savana, de Ruthilica, de Daniella, de Winnie, d’Andrew, etc. ?

Je pose ces questions pour vous inviter à africaniser vos récits, à les sénégaliser pour mieux coller à nos réalités parce que nous avons aussi nos propres réalités socio-économiques, culturelles et religieuses qui ont déjà inspiré de grands romanciers sénégalais comme Abdoulaye Sadji, Mariama Ba, Abdoulaye E. Kane, Aminata Sow Fall, Boubacar B. Diop, Nafissatou Dia Diouf Abass Ndione, et même Mouhamed Bougar Sarr. Mon questionnement, loin d’être un reproche est plutôt une invitation que je vous adresse à explorer dans le futur.

Sur ce, Mesdames et messieurs, je vous recommande vivement la lecture des romans de Mame Diarra Bousso Ngom tout en lui renouvelant mes félicitations et mes prières pour la suite de sa carrière, espérant qu’elle nous reviendra dans les meilleurs délais avec d’autres romans encore croustillants.

Enfin, cher public, je remercie de votre patience et de votre écoute attentive.

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