ADVERSAIRES ET ENNEMIS IMAGINAIRES DANS LA SOCIÉTÉ SÉNÉGALAISE

 Selon Jean-Jacques Rousseau, la propriété est à l’origine de la société. Dans l’état de nature, tout appartenait à tout le monde et la satisfaction des besoins humain n’était pas, jusqu’à une certaine étape, source de conflits et de guerres. La première personne à avoir dit que « ceci m’appartient » est à l’origine de la société et des maux de l’homme.

Ainsi la société est née avec son lot d’envie, de jalousie, de méchanceté, d’adversité, d’animosité. Les hommes s’observent, pas dans le sens de mieux se connaître et de s’améliorer, mais plutôt dans le but de se détruire, de se dévoiler des secrets, d’étaler les faiblesses de l’autre, de médire, de mentir et de calomnier leur prochain.

Ils se créent des adversaires et ennemis imaginaires contre qui ils battent à longueur de journée, pas physiquement, mais mentalement. Or, ces adversaires et ennemis imaginaires sont de simples vues mal inspirées de notre esprit que nous arrosons comme des plantes avec nos pensées négatives et nos susceptibilités infondées.

Ils passent tout leur temps à se torturer leur âme, à se fendre leur cœur et se polluer leur vie en essayent de vaincre leur vis-à-vis qui n’est qu’une silhouette qui accompagne mentalement leur corps en déplacement. Les hommes passent tout leur temps à compétir avec des adversaires fictifs et à se battre contre des ennemis imaginaires pour fuir une réalité qui ne leur est pas toujours favorable et/ou sublimer des rêves qu’ils ne peuvent pas réaliser. 

En lieu et place, ils doivent cultiver l’amour, la bienveillance, l’esprit d’ouverture, l’éthique du désaccord et du vivre ensemble, la modestie, et l’empathie qui nous suggère toujours de se mettre à la place de l’autre pour le comprendre et non pour le juger.  

Disciplinons notre esprit, notre langage et notre corps parce qu’ils déterminent profondément ce que pensons, disons et faisons en tant qu’être humain doué d’intelligence et capable de jugement. La vie n’est que souvenir ; plus qu’un souvenir, elle n’est que témoignage, témoignage de notre passage sur terre, témoignage de nos actes et paroles, de la manière avec laquelle nous avons vécue.

L’esprit de compétition à outrance, la concurrence déloyale et malsaine, la volonté démesurée de réussite sociale voilée dans la notion de TEKKY, le voyeurisme et l’exposition de soi dans les médias et réseaux sociaux, tout cela téléguidé par le regard social, font que la société sénégalaise vit dans des tensions préfabriquées et inutiles, un stress provoqué et permanant, des attitudes malveillantes, des pensées négatives à couper le souffle, des malaises, des morts subites, des agressions, des assassinats, des vols à l’arme blanche, etc.

Avec le sourire narquois, l’esprit sournois, l’attitude narcissique, un semblant de conviction et de vertu, certains se croyant plus malin que tout le monde, se prennent pour des gens importants, indispensables et mentalement au-dessus de l’échelle sociale alors que leurs valeurs et leurs fréquentations sont douteuses.

L’individualisme galopant, la noblesse virtuelle, la religiosité mondaine sont entre autres le lot quotidien de notre société en déliquescence. Une telle société compte plus de malades mentaux se croyant saint d’esprit que de personnes normales, justes et équilibrées. Beaucoup de ces malades mentaux qui s’ignorent éprouvent le malin plaisir de faire du mal à leur prochain gratuitement en ignorant royalement que la loi du KARMA existe et s’applique toujours aux intentions et aux actes des humains que nous sommes.

Il faut se rendre à l’évidence que chacun d’entre nous a un destin tracé d’avance. Chacun d’entre nous, en âme et conscience, sait qui il est et de quoi il est capable. Nous savons tous nos forces et nos faibles, nos potentialités et nos limites. Point n’est besoin alors de nourrir de la méchanceté gratuite, de la haine toxique, d’abord pour soi et ensuite pour les autres, de la jalousie masquée par un faux sourire et/ou un semblant d’appréciation positive.

Chacun d’entre nous est une plante qui doit s’arroser lui-même pour grandir, fleurir et donner des fruits. Chacun d’entre nous est une lumière qui s’éclaire et qui éclaire à sa manière. Pourquoi alors toute cette compétition sauvage surtout lors des cérémonies familiales avec les « Première attaque ! Deuxième attaque ! Troisième attaque ! » si l’on sait que chaque attaque décime déjà un homme et/ou une femme dont le seul tort est de tenter de rester debout dans une société d’hypocrisie et d’extravagance ?

Malheureusement les « Jogoma 4G » sont passées par là ! Elles sont sans foi ni lois. Elles dictent lors volonté jusque sur le lit conjugal. Leur logique de « défanté » n’obéit à aucune logique. Et en cela, elles sont poussées et soutenues par leurs mère, sœur, tante, belle-sœur, belle famille comme si le mariage était une arène nationale, un champ de guerre où l’usage de l’arme non conventionnelle est permis. Et notre société laisse faire, complice qu’elle est de toutes ces exactions mentales, morales et mêmes religieuses.

Chacun d’entre nous doit avoir peur de lui-même, peur de ses désirs et de ses passions dont la non-maitrise peut lui mener à l’animalité. Chacun d’entre nous est son propre ennemi de par sa pensée, ses intentions et ses actes. Chacun d’entre nous doit chercher à se rattraper et non à rattraper l’autre. Nous sommes tous, autant que nous sommes, en compétition avec nous-mêmes et non avec les autres. La seule personne que nous devons chercher à dépasser est celle que nous étions hier. La seule personne avec laquelle nous sommes en concurrence est celle que nous sommes aujourd’hui. La seule personne que nous devons construire est celle que nous voulons être demain.

 

 

 

  

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