LA PHILOSOPHIE HUMANISTE DE MAHATMA GANDHI
Ce n’est pas tous les jours qu’on voit naître un grand maître. Plusieurs siècles peuvent s’écouler sans assister à l’avènement d’un seul. Gandhi fut l’un de ses maîtres. La vie de cette « Grande Âme » prend ses racines dans la tradition religieuse de de l’Inde, en faisant porter l’accent sur une recherche passionnée de la vérité, un profond respect de la vie, un idéal de détachement, et en se montrant disposé à tout sacrifier à la connaissance de Dieu.
Une
vie sans racines, dépourvue de tout appui solide en profondeur, ne peut qu’être
superficielle. Certains soutiennent qu’il suffit de savoir où est le bien pour
agir en conséquence. Il n’en va pas ainsi. Même si nous savons où est le bien,
il ne s’ensuit pas que nous opterons pour lui et agirons dans ce sens. En proie
à des impulsions redoutables, nous faisons le mal et nous trahissons la lumière
que nous avons en nous. C’est grâce à une suite de tentatives et d’erreurs, à
une connaissance de soi approfondie, et à une austère discipline que l’être
humain avance, pas à pas, péniblement, le long du chemin qui conduit au but.
La
religion de Gandhi avait un fondement rationnel et éthique. Il n’aurait pas
accepté une croyance qui ne fît point appel à sa raison ni une injonction qui
ne s’imposât point à sa conscience. Si nous croyons en Dieu, non seulement avec
notre intellect, mais de tout notre être, nous aurons à cœur d’aimer toute
l’humanité sans distinction de race ou de classe, de nation ou de religion. Nous
travaillons dès lors pour l’unité des hommes.
Tous
les hommes sont frères et aucun être humain ne devrait nous être étranger. Le
bien de tous devrait être notre but. Dieu est le lien commun qui unit tous les
êtres humains. Briser ce lien même s’il s’agit de notre plus grand ennemi,
c’est écarteler Dieu. Il y a de l’humanité même chez le plus pervers.
Ce
point de vue conduit naturellement à l’adoption de la non-violence comme le
meilleur moyen de résoudre tous les problèmes d’ordre national et international.
Gandhi affirmait n’avoir rien d’un visionnaire, mais il disait être un
idéaliste pratique. La non-violence n’est pas seulement l’apanage des saints et
des sages mais aussi bien de tous les autres hommes.
Dans
l’histoire de l’humanité, Gandhi est le premier à avoir étendu le principe de
la non-violence du plan individuel au plan social et politique. Il s’est mêlé
de politique précisément pour connaître les possibilités de l non-violence et
établir sa validité.
Dans
la lutte pour l’indépendance de l’Inde, il insistait pour que nous adoptions
ces méthodes d’hommes civilisés que sont la non-violence et le sacrifice de
soi. Sa lutte pour sa libération de l’Inde ne s’accompagnait d’aucun sentiment
de haine pour la Grande-Bretagne. Nous devons haïr le péché mais non le
pécheur.
A
l’ère atomique, si nous souhaitons sauver le monde, nous devons adopter les
principes de la non-violence. Gandhi nous confie : « lorsque j’ai appris Hiroshima avait été
anéantie par une bombe atomique, je ne laissai paraître aucune émotion. Je me
dis tout simplement : ‘’l’humanité
court à son suicide si le monde n’adopte pas la non-violence’’. » Dans
le cas d’un prochain conflit, rien ne nous assure que l’un des belligérants ne
recourera pas délibérément aux armes nucléaires. Nous avons le pouvoir de
détruire, en l’espace d’un éclair aveuglant, tout ce que nous avons
soigneusement édifié à travers les siècles au prix de nos efforts et de nos
sacrifices. A la faveur d’une campagne de propagande, nous conditionnons
l’esprit des hommes pour qu’ils se fassent à l’idée d’une guerre nucléaire. De
tous côtés, et en toute liberté, circulent des remarques provocatrices. Même
dans nos paroles, nous sommes agressifs : jugements sévères, malveillance,
colère, sont autant de formes insidieuses de violence.
Au
rythme accéléré où se transforme notre vie, nous ne savons pas ce que sera le
monde d’ici une centaine d’années. Nous ne pouvons pas anticiper sur les futurs
courants de pensée et sur la manière dont on réagira. Mais les années ont beau
passer, les grands principes de la vérité et de la non-violence n’en demeurent
pas moins à notre disposition pour nous guider. Elles sont les étoiles qui
veillent saintement sur un monde las et en proie au tumulte. Comme Gandhi, nous
pouvons être assurés qu’au-dessus des nuages qui assombrissent le ciel, le
soleil continue de briller.
Nous
vivons à une époque qui a conscience de sa propre défaite et de son
avilissement moral, époque où les certitudes de jadis s’effondrent et où les
axes de référence qui nous étaient familiers basculent et s’écroulent. La
flamme créatrice qui avait embrasé la grande société humaine, est en train de
s’isoler. L’esprit de l’homme est si déroutant par l’extrême variété de ses
créations.
Mohandas
Karamchand Gandhi (1869 -1948) est né dans une famille aisée. Il fit ses études
à Ahmadabad puis à Londres, où il devint avocat. Il exerça tout d’abord à
Bombay, puis en Afrique du Sud, où il se fit le défenseur des Indiens contre la
politique d’apartheid (1893). De retour en Inde, il mena une vigoureuse
campagne anti-anglaise : il prêcha le boycott des produits importés
d’Angleterre, demandant à chaque Indien de filer et tisser ses propres
vêtements. Il fut plusieurs fois emprisonné pour « désobéissance
civile ». Fervent avocat de la doctrine de la non-violence active et de
l’égalité des droits entre les hommes, il réclama la réhabilitation des
intouchables. Son influence fut très grande en Inde. Emprisonné pendant la
guerre (1942- 1944), il participa néanmoins aux négociations aux négociations
pour l’indépendance de l’Inde (5 août 1947). Il fut assassiné le 30 janvier 1948 par Nathuram Vinayak Godse, un nationaliste hindou alors qu’il s’apprêtait à
tenir sa séance de prière publique quotidienne.
La
force spirituelle de Gandhi résidait dans son amour de son prochain, la
non-violence, le jeûne et l’abstinence sexuelle. L’enseignement à tirer de la
vie de Gandhi, entres autres, c’est que le bonheur de l’âme réside dans la
maîtrise du corps qui provient de la souffrance de celle-ci. Par un exercice
soutenu, Gandhi a su libérer son âme pour la mener vers les prairies de la
félicité. L’humanisme étant une valeur universelle, transcende les cultures,
les peuples et les religions. Et la pensée de Gandhi est fortement imprégnée de
cet humanisme qui continue d’influencer encore aujourd’hui, bon nombre d’hommes
et de femmes à travers la planète.
Commentaires
Enregistrer un commentaire