NOTE DE LECTURE: Amadou Diégane SARR : Une rivalité malsaine, Pour les jeunes-Editions, Dakar, 2014, 76 pages.
Cette pièce de théâtre d’Amadou Diégane SARR, professeur de français de son état, nous plonge dans le monde de l’école, dans l’environnement scolaire. Elle met en exergue une histoire de « rivalité malsaine » entre un professeur de Maths, M. Samb et son élève, Cheikh autour d’une élève, Aby. Le lycée Coumba Ndoffène Diouf de Fatick sert de cadre à l’auteur qui, faut-il le rappeler, est un natif de cette ville.
Le prof de Maths aime
follement Aby qui est son élève. Mais celle-ci ne l’aime pas. Elle aime son
camarade de classe Cheikh qui, d’un coup, devient une cible, un rival pour M.
Samb. Le prof de Maths va donc user et abuser de son pouvoir de professeur pour
en découdre avec son rival d’élève : il le renvoie souvent sans motif
valable, l’accule en classe, fait de lui l’auteur de toute perturbation dans la
classe. Mais la réalité est qu’Aby n’aime pas M. Samb. Elle aime son camarade
de classe Cheikh, qui en profite pour emmerder son prof de Maths, le défier et
se venger des torts qu’il lui fait subir.
M. Samb n’est pas
vraiment prêt à abandonner sa proie. Il fait tout pour avoir Aby, pour la
conquérir, et promet-il, pour la marier. Dans ce sillage, il tient des cours de
renforcement auxquels Aby participe et au cours desquels elle va recevoir des
« notes sexuellement transmissibles ».
Mais la rivalité n’est pas seulement entre Cheikh et M. Samb; Mariétou et Nafi non plus
ne supportent pas Aby. Mariétou aime Cheikh et éprouve beaucoup de peine devant
Aby, qui est « la fille la plus
belle et la plus raffinée du lycée » si l’on en croit son amant et
camarade de classe. (p. 25)
Ces filles ne manquent
aucune occasion pour se lancer des invectives et proférer des paroles aussi
grossières que violentes pour se déstabiliser. Et c’est Aby qui en souffrira le
plus dans le futur. Mais cette rivalité dépasse les frontières de la classe
et de l’école lorsque Aby tombe enceinte. L’affaire devient d’autant plus
insupportable que le véritable père de l’enfant, c’est Cheikh. Ce dernier, une
fois informé par Aby nie la paternité de l’enfant; ce que M. Samb acceptera
sans problème malgré tout le bruit que cette affaire va produire à l’école
quand tout le monde en sera informé.
M. Samb accepte d’être
le père de l’enfant et d’épouser Aby. Il promet aussi de gérer la situation
auprès du proviseur pour qu’Aby ne soit pas renvoyée du lycée. La grossesse d’Aby
est accueillie avec surprise et supportée avec beaucoup de douleur par sa
famille et surtout par son père qui en voulait à M. Samb, ce dernier ayant
trahi leur confiance. Aby est rusée par ses camarades de classe, par surtout
Mariétou et Nafi. M. Samb non plus ne sera pas en reste. Partout, sur les murs de
l’école, en classe, on écrit des choses pour le tourner en dérision telles
que : « le professeur enceinteur », « Monsieur Samb, l’étalon noir ».
L’atmosphère devient invivable pour M. Samb.
Mais tout cela atteint
le comble quand M. Samb entre en classe et trouve une lettre imprimée où il
est mentionné qu’il n’est pas le père de l’enfant et qu’il est un amant cocu.
Cette note repose sérieusement la question de la paternité de l’enfant. M. Samb
doute de la paternité de son « enfant » et de la sincérité d’Aby et
demande à cette dernière si rien ne s’est passé entre Cheikh et elle; ce qu’Aby
n’est pas prête à confirmer et qui conforte M. Samb dans l’idée qu’il est effectivement cocu.
La presse se saisissant
de l’affaire, en fait la Une des journaux. Toute la ville de Fatick est prise
en haleine par cette histoire et les commentaires fusent de partout. La famille
d’Aby en sort déstabilisée, désintégrée parce que son père les a chassées de sa
maison, Aby et sa maman. M. Samb sombra dans une solitude mortelle et un silence coupable.
L’amitié entre Cheikh et Doudou en subit un coup fatal à cause du journaliste
qui a révélé l’affaire et qui se trouve être le grand frère de Doudou, ami et
camarade de classe de Cheikh. Les cours du lycée furent paralysés aussi. Aby
quitta la ville de Fatick accompagnée de sa mère pour rejoindre une de ses
tantes à Dakar. D'ailleurs, elle mettra au monde une fille . De leur côté, Doudou et Cheikh réussiront au
BAC et M. Samb va être muté dans une autre région.
Cette pièce de théâtre
montre beaucoup de facettes de l’école sénégalaise et met en exergue certains
comportements de notre société :
-
Il ne doit pas y avoir de relation
amoureuse entre professeur et élève au sein du même établissement. Le règlement
intérieur de l’école l’interdit formellement ;
-
Souvent les professeurs usent et abusent
de leur pouvoir sur les élèves, ce qui n’est pas conforme à l’éthique et à la
déontologie de la profession ;
-
Le règlement intérieur de nos
institutions doit être respecté et appliqué rigoureusement, ce que le
proviseur n’a pas fait ;
-
Il y a trop de « masla »
et de règlement à l’amiable dans notre société, ce qui ne favorise pas la
justice sociale ;
- La presse joue certes un rôle
d’information mais il y a des vérités qu’il vaut mieux taire pour la stabilité
de la société et des personnes.
Cette pièce de théâtre
d’Amadou Diégane Sarr, jeune et brillant prof de français montre certaines
facettes de la personnalité de l’auteur. Il n’est pas un homme difficile. Il est plutôt un homme modéré, un homme
du consensus. Ce qui apparaît dans la recherche de solution aux problèmes les
plus sensibles, voire les plus complexes auxquels les acteurs étaient
confrontés.
Voilà un ouvrage qui
doit désormais être intégré dans le programme scolaire de l’école sénégalaise
et que tout acteur de l’éducation doit lire pour qu’ensemble, nous puissions
préserver notre jeunesse et notre école de certains comportements, pour que
nous puissions assainir nos mœurs surtout dans le milieu scolaire qui doit être
la vitrine de notre société.
Ngor DIENG
Psychologue
conseiller/Philosophe
ngordieng@gmail.com
Merci beaucoup cher ami. Tu as fait une très bonne note de lecture de ma pièce.
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