L’ÉDUCATION NATIONALE, PRINCIPAL LEVIER DU DÉVELOPPEMENT

 

« L’éducation, la recherche et la culture sont au début, avant le début, elles sont à la fin, après la fin ».

Pr Babacar Diop dit Buuba

 

L’Éducation est un pilier fondamental pour le développement économique et social du Sénégal. Tous les pays développés ou émergents ont fait de ce secteur la priorité des priorités. Bien que la responsabilité d’éduquer les enfants incombe à la famille, c'est à l'État de former et d'orienter les citoyens vers l'idéal de l’homo-senegalensis que nous voulons « construire ». Dans ce contexte, il est impératif d'entreprendre des réformes profondes au sein du département de l'Éducation nationale afin de répondre, de manière adéquate, aux besoins éducatifs du pays, en accord avec nos valeurs traditionnelles, culturelles et religieuses, tout en restant ouvert au monde extérieur (pour nous inspirer des meilleures pratiques internationales en matière d’éducation et de formation).

Dès lors, le premier secteur pour lequel nous devons exiger la rupture, c’est-à-dire l’indépendance et l’autonomie, est celui de l’éducation, parce que c’est la base de la formation des citoyens sénégalais pour produire des ressources humaines de qualité, pouvant toujours faire la fierté du Sénégal, aussi bien au plan national qu’international. (Cf. Composition qualitative du nouveau gouvernement).

Étant donné que pour Steve Biko, « L’arme la plus puissante entre les mains de l’oppresseur est l’esprit de l’opprimé », tâchons de libérer notre peuple par l’éducation et la culture, conformément à nos valeurs socio-culturelles et économiques, pour décoloniser l’esprit (Ngugi wa Thiong’o) des jeunes Sénégalais et faire d’eux des hommes et des femmes décomplexés, compétents et aptes à la compétition qu’exige le concert des nations, dans ce contexte de mondialisation. Pour cela, il faut que nous partions de nos propres réalités culturelles pour définir une ÉCOLE SÉNÉGALAISE qui va nous restaurer notre véritable identité en nous réconciliant avec notre propre histoire. Cela nécessite que l’accent ne soit pas mis seulement sur l’instruction et la répression, mais sur l’éducation aux valeurs cardinales que sont le « fuula », « fayda », « jom », « ngor », « muñ », « mandu », « ñaax diariñu » etc., qui jadis, constituaient les fondements solides de notre société traditionnelle. 

À noter que la langue étant un élément de culture déterminant, nos langues nationales méritent une place importante dans notre système éducatif ; même s’il faut reconnaître la complexité de l’intégration de ces dernières dans nos programmes scolaires (nous avons plusieurs langues nationales pour un seul système éducatif appelé à former un seul type de Sénégalais et pas plusieurs). À cela, il faut ajouter l’apprentissage de l’Anglais comme nécessaire parce qu’elle est la langue de la science. Aujourd’hui, la science parle anglais dans un monde gouverné de plus en plus par l’économie du savoir. Le Sénégal de Cheikh Anta Diop et de Léopold Sédar Senghor (pour reprendre le Président de la République parlant de l’idéal Panafricain dans son premier discours à la Nation) ne doit pas être en reste dans la quête du Savoir.

C’est pourquoi, il faut d’abord faire du financement de l’Éducation nationale une priorité pour qu’il puisse provenir de nos propres ressources ; à défaut, que les Partenaires Techniques et Financiers (PTF) ne puissent plus nous dicter comment dépenser l’argent qu’ils nous octroient sous forme de dettes ou de dons. Et c’est pour cette raison d’ailleurs que les milliards investis dans l’Éducation depuis des décennies (surtout depuis le début des années 2000 avec le régime de Wade) n’ont pas pu jusque-là résoudre certains problèmes qui devraient être aujourd’hui de vieux souvenirs comme les nombreux abris provisoires (5000 en 2023 selon Mouhamed Moustapha Diagne, ancien DFC dans un entretien avec l’APS), la revalorisation de la fonction enseignante (des efforts considérables sont faits dans ce sens par le régime sortant) et la question de l’équité au niveau national (les enseignants les plus expérimentés sont soit en service sur tout le long du Littoral soit dans les grandes villes et certaines localités parmi les plus reculées n’ont pas toujours accès à internet).

Au niveau de l’Administration de manière générale, il est judicieux de parvenir à une mise en cohérence, une harmonie et une rationalisation des pratiques entre les différents départements ministériels, en particulier ceux de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle et technique et de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Ces trois départements doivent travailler en parfaite synergie pour l’atteinte des objectifs globaux d’éducation et de formation, mais aussi d’insertion et d’emploi des jeunes. Il faut qu’au sein de l’Administration, les actions soient conjuguées pour éviter de travailler en vase clos ; et cette tâche revient au Premier Ministre, qui est chargé d’impulser et de coordonner l’action gouvernementale.

La centralité et la transversalité de l’Éducation font qu’on ne peut pas l’évoquer sans parler de Culture et de Sport. L’instauration d’une bibliothèque nationale, de bibliothèques régionales, municipales et scolaires est un chantier à investir avec urgence pour faciliter à nos apprenants, malgré la menace que constituent la Télévision et les réseaux sociaux, l’accès au livre et cultiver chez eux le goût de la lecture par une fréquentation effective des bibliothèques et/ou une exploitation optimale des ressources pédagogiques. En réalité, la baisse du niveau en français explique la baisse des performances des élèves non seulement dans les matières littéraires mais également dans les disciplines scientifiques. Un bon élève en série scientifique est « forcément » un bon élève en français. De ce fait, un bon niveau en français de nos apprenants peut participer à inverser la tendance entre le déséquilibre dans les séries littéraires et les séries scientifiques qui a englouti beaucoup de ressources financières depuis 2012 sans atteinte des objectifs fixés par le Gouvernement du Sénégal. Ainsi, des primes spéciales peuvent être accordées aux professeurs des disciplines scientifiques pour les motiver et les fixer dans l’Enseignement et dans le Sénégal des profondeurs. À côté de ces mesures, il faut aussi interroger les méthodes d’enseignement et d’apprentissage des sciences qui s’entourent souvent des mythes à briser.

Dans la même lancée, il faut ressusciter le sport scolaire pour en faire un vivier de futurs champions dans les différentes disciplines sportives. Dans un passé récent, les plus grands sportifs de notre pays, toutes disciplines confondues, s’étaient fait remarquer dans les compétitions scolaires comme les tournois de l’Union des Associations sportives scolaires et universitaires (UASSU). L’éducation, la culture, la jeunesse et le sport vont de pair. La question qui se pose, c’est seulement celle la volonté de travailler ensemble, en parfaite harmonie.

Il est donc essentiel pour le Sénégal de mettre en place des politiques éducatives ambitieuses et cohérentes, en harmonie avec ses valeurs et ses besoins spécifiques. Investir dans l'éducation, c'est investir dans l'avenir du pays et dans la construction d'une nation forte et prospère. C’est la raison pour laquelle l'Éducation nationale doit être au cœur des préoccupations de tout gouvernement soucieux du développement de son pays. En suivant les principes de qualité, d'équité et d'ouverture, le Sénégal peut garantir à sa jeunesse les moyens de devenir des acteurs responsables et engagés dans une société en constante évolution.

En guise de conclusion, nous retenons que malgré la réelle volonté des nouvelles autorités du pays d’opérer une rupture systémique dans la gestion des affaires étatiques, il faut qu’elles bénéficient de la compréhension et de l’accompagnement des Sénégalais. Certes c’est à elles d’impulser LE CHANGEMENT, mais c’est aux citoyens sénégalais de l’opérationnaliser. Et pour cela, tous les acteurs qui gravitent autour du système éducatif, du préscolaire à l’université, doivent se surpasser pour permettre à notre pays d’assurer à ses filles et à ses fils une éducation de qualité, car selon Nelson Mandela, dans Un long chemin vers la liberté, « L’éducation est le grand moteur du développement personnel. C’est par l’éducation qu’une fille de paysans devient médecin, que le fils d’un mineur peut devenir directeur de la mine, qu’un enfant d’ouvrier agricole peut devenir président d’une grande nation. C’est ce que nous faisons avec ce que nous avons et non ce qu’on nous donne qui fait la différence entre les gens. »

 

 

Ngor DIENG

Psychologue conseiller

ngordieng@gmail.com

 

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