LES ECHOS DU SILENCE


 « …le silence est bien un enrichissement de l’âme ; il est, après la parole, la deuxième puissance du monde ».


Lacorde cité par Joseph Basile dans Face à l’imprévisible par l’éveil de nouvelles valeurs, La renaissance du livre, Bruxelles, 1982.


Certes si la parole est d’argent, le silence dans certaines situations est d’or. Le silence est donc très significatif. La sagesse a pour corollaire le silence, du moins l’humilité qui ne rime pas toujours avec le vain bavardage. Mais dans la plupart des cas, il peut constituer une faiblesse. Faiblesse ou sagesse ?
Le silence nous installe dans la solitude, solitude de la pensée, solitude avec soi-même. Quand on garde le silence, c’est quand on est dans l’intimité du face à face avec soi-même. On ne peut connaître l’inconnaissable, découvrir les mystères du monde sans se fier très souvent au silence.
Les grands hommes passaient de longues heures recroquevillés sur eux-mêmes dans un silence absolu. Le silence nous dicte la meilleure voie qu’il faudra suivre, les décisions à prendre et les idées à adopter et ou à épouser. Joseph Basile nous apprend que :
Le général de Gaule se concentrait de longues heures de promenades solitaires autour de Colombey-les-Deux-Églises. Les japonais ont leurs traditions méditatives dans les jardins Zen, à proximité de leurs zones industrielles.[1]
L’inspiration provient aussi du silence, du long et profond silence rythmé. Ce long silence rythmé nous met en rapport directe avec Dieu, le Créateur.
La nuit me souffle des idées, des informations dont elle est la seule porteuse. Elle est pleine de leçons pour qui la traverse, pleine de sagesse pour qui l’écoute. Quand on chemine avec la nuit, forcément on chemine avec le mystère, le caché, l’invisible, la révélation.
La nuit est le moment de l’obscurité physique et en même temps celui de la clarté de l’esprit. Dieu s’approche des âmes pour leur apporter de la grâce. La nuit porte conseils. Elle apporte aussi solutions. Le silence de la nuit est favorable à la prière et à la méditation. Étant entendu que« Cette méditation n’est autre chose que la discussion intérieure, voulue, entretenue et alimentée, dont jaillit la solution recherchée et espérée, mais pas toujours prévisible et certaine. Elle exige solitude, calme et concentration. Elle se féconde mieux au cours de promenades solitaires dans la nature, ou de retraites dans une bibliothèque ou un coin de bureau. Elle s’accommode mieux des heures sereines du matin, du soir et de la nuit. »[2]
Certes le silence, dans certaines situations est de l’or. Mais dans la plupart des cas, il constitue un aveu d’ignorance, d’impuissance et de manque d’épanouissement. Même s’il ne faut pas toujours parler, il faut tout de même s’exprimer, c’est-à-dire extérioriser ses idées et ses sentiments.
Les pensées ne peuvent être exprimées que par le langage, c’est-à-dire la parole et l’écriture. Le silence continu ne signifie rien. Il faut parler quand il le faut, et se taire si la situation le demande. C’est une question de circonstance et de contexte, mais aussi d’interlocuteur.
Il y a différentes types de langage dont le silence. C’est donc une manière de ressentir et de s’exprimer. Il arrive souvent que la voix du silence soit plus audible que celle de la parole.
« Qui ne dit rien consent », nous dit le dicton. Garder le silence est synonyme d’accord et ou parfois d’incapacité à exprimer sa pensée comme on le sent. Le silence de ce point de vue est faiblesse, impuissance et manque d’idées. Il est nuisible et mène à l’explosion, au dévoilement et à la violence. Il y a différents types de silence.
Il y a un silence de sagesse comme il y a un silence de richesse mais aussi un silence de paresse. Il y a un silence de bonheur comme il y a un silence de malheur. Il y a un silence de hauteur. Il y a un silence de mort et puis un silence de réconfort ou encore un silence de confort. Il y a un silence de joie et il y a un silence de foi et encore un silence de lois. Il y a un silence assassin et il y a un silence de tremplin ou encore un silence malin. Il y a un silence d’or, c’est un silence de trésor et aussi un silence des hommes forts. Il y a un silence de tristesse et il y a un silence de détresse comme il y a un silence de faiblesse. Gardons le silence s’il le faut ou adoptons-le par défaut, car nous devons éviter d’être faux.



Ngor DIENG
Philosophe/Psychologue conseiller
ngordieng@gmail.com




                                            



[1] Joseph Basile : Face à l’imprévisible par l’éveil de nouvelles valeurs ; La renaissance du livre, Bruxelles, 1982, p. 52

[2]Joseph Charles Doumba : Être au carrefour, Editions CLE, Yaoundé, 1977, p. 51.

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